mercredi 27 avril 2011

La croix de la Passion de Brumas - 3

      Dans le précédent article sur cette croix, nous nous interrogions sur le fait qu'elle ne possédait pas d'autre symbole accroché en diagonale à l'autre bras. En effet, sur la plupart des autres croix de la Passion figure, en pendant au roseau à l'éponge, la lance qui servit à transpercer le flanc de Jésus, équilibrant ainsi la composition sculpturale. Nous avons mené notre enquête et fini par découvrir cette image, dans les bases de données patrimoniales du Ministère de la Culture :


Photo : Ministère de la Culture (France) -
Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - diffusion RMN

On aperçoit bien sur cette photo prise par Moulis dans les années 1900-1910 la fameuse lance, qui, toutefois, ne fait pas pendant au roseau à l'éponge comme sur d'autres croix, mais est fixée à lui. En dessous de l'autre bras de la croix figure autre chose, qui pourrait être un sabre .... A noter également qu'aucun coq n'est présent au sommet !

Intéressons-nous maintenant au montant vertical de la croix qui comporte divers éléments :

¤ Les visages
De part et d'autre du montant vertical figure une première plaque comportant un visage.
Sans doute l'artiste a-t-il voulu figurer les deux brigands qui avaient été crucifiés en même temps que Jésus : "Ils le crucifièrent là ainsi que deux malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche." (Luc, 23,33)


¤ Les trois  dés
Un peu plus bas, sur une seconde plaque, dont la forme évoque celle d'une tunique, sont représentés ce qui ressemble aux trois dés avec lesquels les soldats romains ont joué, pour se partager les vêtements du Christ. "Ils le crucifièrent puis ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort " (Mathieu,27,35)


¤ Les 30 deniers.
Enfin, encore plus bas, une troisième plaque, toujours de chaque côté du montant vertical, porte les 30 pièces de monnaie que Judas a reçu pour avoir livré le Christ.


¤ Les dates
Un peu plus bas figurent deux dates : 1806 et 1845
La première correspond à la date d'érection de la croix sous l'impulsion de l'Abbé Capdeville, de retour d'exil. Après les affres de la période révolutionnaire, il voulut par ce symbole redonner force à la foi layracaise. Une première croix en pierre avait déjà été érigée à cet endroit en 1649. Elle fut démolie après la révolution en 1794 et ses matériaux furent vendus aux enchères.
La seconde date correspond peut-être à une restauration de la croix ou commémore un événement. Comme déjà dit au premier article, nous n'avons pour l'instant pas d'information à ce sujet.



¤ les deux derniers symboles
Le montant de la croix comporte à sa base deux derniers symboles : l'échelle qui rappelle que l'on a pu grâce à elle descendre le corps de Jésus de la croix, pour l'emmener ensuite au tombeau.
Enfin, inhabituel pour une croix de la Passion, figure sur la nôtre le serpent, qui évoque le pêché originel d'Adam et Eve.


Ainsi s'achève cette étude, un peu longue, puisque en 3 parties, de la Croix de la Passion de Salens (ou maintenant de Brumas).
Puisse un prochain article annoncer le lancement d'une campagne de restauration de cette importante pièce de notre patrimoine !