samedi 13 août 2016

Les noms des rues de Layrac

     Un grand nombre de rues de Layrac fait actuellement peau neuve dans le cadre des travaux menés au centre ville.
Profitons en pour faire un petit point sur le nom de nos rues et pour voir les changements opérés au fil des années.

Nous avons compulsé pour cette étude, les livres terriers conservés aux Archives Départementales du Lot-et-Garonne. Il s'agit là de l'ancêtre de nos cadastres. Pour Layrac, nous avons à disposition ceux de 1550, 1604, 1624 et 1679. Suit un nouveau document en 1760, puis le premier véritable cadastre, impulsé par Napoléon Ier et achevé pour Layrac en 1827.
Nous avons aussi un plan de Layrac levé en août 1772 et conservé aux Archives Départementales du Gers. Le nom des rues n'y figure pas, mais il permet de vérifier leurs tracés.

A tout bien tout honneur, commençons par la Place de la Mairie, au centre des travaux :

La Place Jean Jaurès


Elle est appelée "la plasse" ou "place" en 1679, puis deviendra au début du XIX ème siècle "Place" puis ensuite "Place du Marché" au début du XXème siècle. Ce n'est qu'au conseil municipal du 29 octobre 1935, à la demande des conseillers Jean Dupouy et Félix Bédril, qu'il est décidé de l'appeler "Place Jean Jaurès", en hommage au grand homme assassiné en juillet 1914. Le Maire de l'époque est Bernard Bonnet, élu le 5 mai 1935. (maire de 1935 à 1941 puis de 1947 à 1965).


(Cliquez sur l'image pour l'agrandir et lire le texte)

Et ce n'est seulement qu'en 1937, que la municipalité acquerra la vaste maison du Dr Lalande, et y déménagera l'Hôtel de Ville, situé jusqu'alors à côté du clocher, en face de l'ancienne église Notre-Dame. (séance du conseil municipal du 23 novembre 1937- acquis pour 20.000 Frs de l'époque soit 11.860 € d'aujourd'hui)




Cette place centrale était occupée, aux XVIème et XVIIème siècles, par une halle, vraisemblablement bâtie en bois. En effet, le terrier de 1679 mentionne que de nombreuses maisons de la place "confrontent (c'est à dire touchent) à la halle".
Le plan de 1772, n'en porte quant à lui, plus de trace. 




Voyons maintenant les rues débouchant sur la place Jean Jaurès ;  nous trouvons tout d'abord : 

La rue de Montfort


Elle s'est longtemps appelée tout simplement "la rue" ou même "rue de la rue" Se trouvait à son sommet l'une des 3 tours fortifiées servant de portes à la ville. (les deux autres étant à Salens et Verdun). Au siècle dernier, les gens l'appelaient la "côte de marronniers" à cause des arbres qui y étaient plantés. C'est à la demande de J. Sarramia de père que la municipalité de Joseph Danglade (maire de 1908 à 1919) choisit d'honorer la mémoire du Baron Stanislas de Barthès de Montfort, Layracais et lieutenant de l'armée de terre, tombé face à l'ennemi le 21 décembre 1914.

Cette rue a déjà fait l'objet de 2 articles parus dans ce blog . Vous pouvez les lire en cliquant sur les liens ci-dessous : 


La rue Joseph Danglade


Autrefois appelée "rue de l'église", car elle conduisait à l'ancienne église paroissiale Notre-Dame, détruite peu de temps après la Révolution Française et dont il nous reste le clocher. Elle prit ensuite au XIXème et début du XXème siècle le nom de rue "du Jardin Public", car elle conduisait au Royal qui était alors un agréable jardin planté d'ormeaux. Elle prit plus tard le nom de "rue Joseph Danglade", pour honorer celui qui fut maire de Layrac pendant la Première Guerre Mondiale (maire de 1908 à 1919). Cette décision fut prise à la demande de M. Aurenque, cafetier-restaurateur et élu, lors du Conseil Municipal du 9 novembre 1919.

Dans cette rue, le terrier * de 1679 nous apprend que se trouvait le Couvent des Dames Religieuses de Notre-Dame du Rosaire : 


                (Cliquez sur l'image pour l'agrandir et lire le texte)


La maison qui abrite le couvent "confronte " (touche) d'un côté au fossé de la ville et de l'autre aux murs de l'église Notre-Dame. Il s'agit donc certainement de la maison occupée de nos jours par M. et Mme Tempesta.
Ces religieuses, rattachées à l'ordre des Dominicaines étaient déjà présentes à Agen et ont essaimé à Layrac en 1665, dans cette même rue de l'église. La fondatrice layracaise fut soeur Madeleine de Lagoute de La Poujade, qui y installa l'ordre, avec les recommandations de l'évêque de Condom, dont Layrac dépendait alors.

Dans cette rue, à l'angle de la rue du Lombard, se trouve aussi la maison où, selon la tradition populaire, la reine Jeanne d'Albret dormit en janvier 1572. Se rendant à Paris au mariage de son fils Henri de Navarre, futur Henri IV, prévu au mois d'août, elle était partie de son château de Nérac et avait fait de Layrac sa première étape. N'oublions pas que Layrac était à cette époque une place forte protestante.
De nos jours, c'est notre amie Marie-Pierre qui dort chaque nuit dans le lit qu'avait occupé la reine. 





Les autres rues débouchant sur la place feront l'objet d'un prochain article de ce blog ...


A SUIVRE ......

* un Terrier est un livre faisant l'inventaire des possessions des habitants. C'est l'ancêtre de nos cadastres.